L'oreille d'une sourde
Dîner récemment avec unami unhomme.
Léger parfum de surréalisme.
C'est monkarma.
On se connait depuis longtemps, on est copains. Pas hyper hyper hyper proches de la vie de la mort. Mais copains. Assez pour dîner en tête à tête. De temps en temps.
La preuve : je ne m'étais pas changée ! J'étais restée habillée en fille. Pas besoin de me planquer dans un jean et des baskets : aucun danger. Dans le rétroviseur, d'ailleurs, en remettant du brillant à lèvres, place de l'Etoile, je m'étais même dit "ben quand même, je suis belle ! Monaméricain est vraiment trop con de rater ça !!". Vous voyez, je n'étais vraiment pas dans l'état d'esprit de la séduction. Non, parce que, dans ces cas là, je me planque. C'est une technique. Qui n'a pas fait ses preuves. Mais qui est la mienne : quand je ne veux pas séduire quelqu'un, je suis séduisante et féminine. Enfin bref. Ne cherchez pas, c'est breveté !!
On s'installe au restaurant.
"Et sinon, comment va la famille ?", je demande. "Ta femme, tes enfants ?".
"Ben, en fait, je quitte mafemme.", il répond.
Ouhlalalalallalalallalalallalala.
"Ca alors", je m'écarquille. Mine de rien, c'est le premier couple de mesamis qui se disloque. En public en tout cas. Pour de vrai. Comme les grands. En plus de celui de macopine qui a un amant. Mais c'est autre chose.
Ca me fit drôle.
Alors je posai des questions.
De toute façon, je pose toujours des question, comme vous le savez. Et vous savez très bien aussi que, quand les gens vous parlent de quelque chose, ils veulent que vous leur posiez des questions. Surtout quand ils lâchent une bombe.
Comme moncopain.
Au début, j'ai cru qu'il plaisantait. Je n'ai jamais vraiment cru à sa grande histoire d'amour, mais bon, quand même, je ne pensais pas que ce serait plié aussi vite...
"Ben oui, tu comprends", il me dit, "je ne suis plus amoureux, ça fait des mois que je me pose des questions, j'ai beaucoup réfléchi, je n'ai plus envie, il n'y a plus d'amour, je veux être PEINARD !".
Peinard...
1 mariage, 2 mômes + tard, le type veut être PEINARD...
Humm.
Je restai cependant dans monrôle de confidente improvisée. Pas de jugement. Pas d'état d'âme. En même temps, on se voit mal obliger un mec qui vous serine depuis une 1/2 heure "qu'il n'en peut plus et qu'il n'y a plus d'amour et que c'est mort, mort, mort et basta", à rester avec sa femme et ses enfants, dans sa vie bien rangée trop rangée qui l'emmerde.
Ben non. On ne peut pas faire dans l'associatif et vouloir le mal de son prochain.
Et de sa prochaine, au fait ?
"Et, comme l'a-t-elle pris ?", je demande justement.
"Ben. J'ui ai pas encore dit", il me répond !!!
QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ????
"Ben non, j'attends une quinzaine de jours, 1 mois. Mais j'y réfléchis depuis des mois, ma décision est prise. C'est irréversible, irrévocable. Je suis encore jeune, si je veux refaire mavie, c'est maintenant. Mais, attention, je n'ai AUCUN REGRET", il ajoute.
Estomaquée j'étais.
Je compris alors la nuance : "avoir des regrets", ce serait EXTREMEMENT cruel pour elle. Alors que : "décider d'un commun accord avec soi même, unilatéralement quoi, que c'ést fini, plié, merci mais on passe à autre chose et je te le dirai quand je l'aurai dit à tout le quartier, de toute façon, y'a rien à discuter", ce serait plutôt du genre "t'es gentille poulette, mais, mavie, c'est mavie, ok, je te dis oui forever mais forever, macocotte, ben parfois, c'est pas pour toujours". En gros, c'est beaucoup plus délicat.
Fair play.
J'écoutai.
J'observai.
Pas très à même de juger d'une situation que je ne connais pas : ras le bol des mioches et de la vie quotidienne ??? Ben moi, ce serait plutôt ras le bol des week end toute seule et des soirées de la fête de la musique en pyju devant l'ordi because i pleut et macopine, elle est fatiguée. Comment dire ça à un homme qui rêve de le vivre ???
Lui, il voit le lit tranquille pour lui tout seul, les zapettes à disposition encore pour lui tout seul, le calme (ah ça, pour être calme, c'est calme !!) et l'absence de comptes à rendre. (à croire que tous les couples vivent avec la calculette en bandoulière !!).
Bref, je fis très peu état de mesremarques personnelles. Juste ce qu'il faut, pour ne pas que moncopain m'accuse ensuite (dans quelques mois/années) de ne pas l'avoir pévenu.
Une question cependant me taraudait devant ce nouveau rôle qu'il me faisait jouer...
"Mais pourquoi tu me dis ça à moi, alors que tu n'en as même pas encore parlé à ta femme ???", je demande.
"Ben parce que tu m'as demandé comment elle allait", il répond !!
OOOOOH LA MAUVAISE FOI MASCULINE CARACTERISEE !!!
Et là, franchement, sa femme, ce n'est pas mameilleurecopine mais, franchement de franchement de franchement, je ne me suis pas sentie super à l'aise dans le rôle de la confidente qui sait avant. J'ai trouvé ça plus mufle que mufle, j'ai trouvé ça TOP MUFLE pour safemme. Et, en plus, j'ai trouvé ça pas très sympa de me faire porter cette confidence...
Mais, que voulez vous, moncôté sans danger fait que les gens aiment se confier à moi. J'ai le sens de l'écoute paraît il... Et alors, depuis que j'ai arrêté l'amour, je ne vous dis pas, les confidences masculines, ça n'arrête pas. A croire que je suis devenue une plante verte.
Cela dit, j'ai joué le rôle jusqu'au bout : "tu devrais vraiment lui en parler rapidement", je lui suggère...
A la fin de la soirée, en rentrant dans la plus belle ville du monde, j'avais un drôle de goût partout.
Je pensais à lui, cette façon d'avoir tout bien organisé dans sa tête, ce côté "je suis soulagé d'avoir pris cette décision", il était sincère, on pouvait désapprouver sa méthode mais pas la sincérité de son constat. Tout ça pour ça, je me disais.
Je pensais à elle. Elle a monâge. Bien sûr, elle a eu le mari et les gosses mais, maintenant, elle se retrouve sans le mari, avec les gosses (que, bien entendu, dans le but d'être le plus peinard possible dans sa peinartitude, il lui laissera et verra tous les 15 jours), son boulot et son "tout pour ça" bien à elle... Et puis, mafille, va retrouver un mec quand t'es bien dégoûtée, que t'as tes mômes, ton job et pas une minute à toi et qu'en plus, tu réalises que les autres savaient que ton divorce était programmé (cet automne) alors que t'avais même pas encore compris qu'il y avait un blème...
J'en avais des frissons...
Et puis, je pensais aux enfants... No comment, là, non ?
Ou, comment, dédouané par de multiples "j'adore mesenfants, ils sont ce que j'ai de plus précieux, rien que pour eux ça valait le coup, ils sont meeeerveilleux, j'ai hâte de les voir grandir (c'est sûr qu'à coups d'une fois tous les 15 jours, ça ira vite, mongarçon !!)", réduire deux petits bambins à l'état d'accessoires....
Là, après les frissons, j'ai carrément eu froid dans le dos.
Et, pour vous dire comment j'étais tourneboulée, j'ai pensé 30 secondes, avec mes habits de fille, mes talons de fille, mon brillant à lèvre de fille qui ne servent à rien, j'ai pensé 1 minute même, que je PREFERAIS LARGEMENT maplace à la leur...
Méditons, mesp'titscocos, méditons...