La femme demoncollaborateur

Publié le par Caro

Ahhh. Je suis chiffon.

Je vous avais pondu un article bien intellectuel, plein de conscience politique et hop, à la dernière ligne, j'appuie sur une touche (impossible de savoir laquelle) et tout disparaît !!

Mais, ça ne m'avait jamais fait ça, en plus de 80 articles ! Quand je vous dis que cette semaine est bizarre ! Ou alors, depuis que je m'intellectualise, je deviens carrément gogolito...

Ah non mais quand même, j'étais fâchée, j'y avais mis du coeur. "Tant pis", je me suis dit, "pas d'article aujourd'hui". Et pis c'est tout.

Mais, tout de même, j'ai une question assez ponctuelle mais néanmoins existentielle que je souhaiterais vous soumettre.

Voilà, vous verrez, trois fois rien.

Alors que nous discutions stratégiemondialeinterprofessionnelle de la boîte hier après midi avec l'un de mescollaborateurs, je lui dis, assez soudainement : "au fait, tu sais, machin, que je n'ai plus d'amis ?" Non, il ne savait pas. Alors j'explique vaguement.

M'a regardé. Peiné. Visiblement peiné. Il ne pense pas vraiment que je mérite de ne plus avoir d'amis. La discussion stratégique reprend. Puis il me dit "tu fais quoi demain ?". "Ben, rien. J'ai plus d'amis", je dis. "Viens dîner à la maison !", il me répond....

Ouhllalalalalalalalala.

"Euh, non, non, parce que, ben non, mais bon, enfin, demande à ta femme avant....". "Mais non, y'a aucun problème, tiens regarde je l'appelle".

La femme de moncollaborateur dit oui. En même temps, difficile de dire autre chose quand on présente les choses comme ça, avec la personne en question à 2 mètres. La dame suggère quand même que ce serait peut être éventuellement gênant. "Tu sais, machin, c'est pas parce que je t'ai obtenu une augmentation ce mois ci que tu dois absolument m'inviter à dîner dans ta famille"...

Finalement, je le trouve sympa et sa femme (que je connais finalement un peu depuis le temps qu'il m'en parle) m'a l'air très sympa aussi et, même si la situation n'est pas complètement naturelle, je n'oublie pas que je n'ai plus d'amis et que, malgré tout, un samedi soir occupé est un samedi soir occupé. A ne pas négliger.

Bref, nous voilà partis à faire le plan pour venir en voiture et l'affaire est réglée : samedi soir, 19h30.

Sympa.

Mais, finalement, je ne suis pas si à l'aise que ça.

Tout d'abord, je suis - objectivement - la supérieure hiérarchique de ce monsieur, comme des autres membres de mon équipe d'ailleurs. Créer un climat d'intimité particulier est il réellement une bonne idée ? Ne vais je pas le regretter plus tard quand le temps sera moins clément (dans le travail, vient toujours un temps où le ciel hier bleu d'azur devient tout gris, voire tout noir) ? Va-t-il falloir que je fasse attention à ce que je dis, à l'impression que je vais donner ? Mais, en même temps, c'est samedi, j'en aussi envie d'être cool.

En fait, c'est surtout vis à vis de la femme de moncollaborateur que je m'inquiète. Je ne suis pas certaine que la dame sache réellement que la "patronne" de sonmari est une petite blonde de 10 ans de moins qu'elle, au charme ravageur et à la courbe de poids descendante ? (ah oui, je ne vous ai pas dit ? sur prescription médicale, je dois non seulement m'intellectualiser mais aussi me dire que je m'aimeuuuuu !!). Par ailleurs, je ne suis pas sûre non plus qu'elle sache que la "patronne" de sonmari est cette fille à qui il dit quelques semaines après mon arrivée dans la société : "tu sais, je suis troublé, j'ai rêvé de toi cette nuit"... "Ah oui? Et qu'est ce que je faisais?", je demande. "Ben, en fait, je trompais ma femme avec toi"... Mouimouimoui.... A l'époque, aux prises avec un américain névrosé, je m'en suis tirée avec un "ce n'est pas grave, ce n'est pas sale, mais le mieux, c'est que tu restes avec ta femme et que je reste avec monaméricain, non?"

L'affaire n'avait eu aucune répercussion, bien sûr, et c'est avec beaucoup de simplicité et de décontraction que nous avions continué à évoquer l'avenir sub-stratégique de la société.

Mais, maintenant, être en présence de la dame qui va bien se rendre compte que son mari et moi avons une certaine complicité, ça m'ennuie un peu... Comprenez moi, il ne s'agit pas d'une complicité ambigüe, pas du tout, mais bon, nous sommes assez libres et nous nous entendons bien professionnellement parlant, alors je ne voudrais pas qu'il y ait de méprise et que, naïvement, il ait fait entrer la louve dans la bergerie. Et que, dorénavant, sa femme se pose des questions qui n'ont absolument pas lieu d'être. Bon, bon, je sens bien que je m'embrouille !!

De cette question éminemment épineuse découle la suivante : COMMENT JE M'HABILLE ??

Moi, le samedi, en général, c'est jean/baskets, vous comprenez. Mais est ce que baskets, ce n'est pas un peu trop décontracté ? Si, peut être. Jean, c'est ok, je pense. Non ? En même temps, c'est un dîner familial avec la femme, les enfants et la fillequin'apasd'amis, pas la peine non plus d'avoir l'air de sortir la grosse artillerie. Au risque de paraître coincée. Ou hautaine. Quelle horreur !

Bon, en y réfléchissant, je vais peut être mettre un jean, avec mes boots de fantômette. Un pull noir et c'est bon. Ah oui, vous ne savez pas ce que c'est que mes boots de fantômette ? Ce sont mes boots à bout rond en cuir verni noir. Ca ira. Je crois que c'est un bon compromis.

Pour le maquillage et les cheveux, c'est pareil, je ne veux pas avoir l'air d'avoir fait péter le grand jeu avec l'oeil de biche et le cil provocant. Veux pas qu'il rêve encore de moi, le mec. Un songe est si vite arrivé... Ce serait gênant ! Et pour tout le monde ! En même temps, depuis que j'ai 33 ans, ne nous leurrons pas, sans un minimum d'aide de lancôme et consort, je n'ai vraiment l'air de rien. Et je ne veux pas non plus que la femme de moncollaborateur dise à sonmari : "dis donc, qu'est ce que c'est que cette boîte où la "patronne" est toute fripée et toute négligée?"Ah non, ça, je ne veux pas !

Ensuite la bouffe. Notez que je lutte contre, mais on peut quand même dire que je suis quelqu'un d'assez difficile, en matière de gastronomie. Disons qu'il y a beaucoup de choses que je n'aime pas trop. Le fromage par exemple. Et les endives aussi. Et puis, je ne bois pas de vin. Ohlallalallalala, je vais avoir l'air de quoi ? Imaginez qu'ils fassent des endives au jambon gratinées au parmesan arrosé d'un bordeaux ? Eh ben on est mal. Mal, mal. En même temps, pas de panique : des endives au jambon gratinées, ce n'est pas non plus vraiment un plat que l'on fait quand on reçoit, si? Prions ensemble, mesamis !

Reste la question de ce que je dois apporter. Ben, des fleurs, non ? Ca c'est dans mescapacités. Vais alloir le petit fleuriste de monquartier, un artiste. Me fera un truc très bien.

Bon, bah je crois que nous avons fait le tour... J'espère juste qu'on ne va pas trop parler boulot, c'est samedi soir quand même !

J'espère aussi que je ne vais pas faire de bourde, que je vais faire bonne impression, que je ne vais pas compromettre monavenirprofessionnel sur une boulette, que je ne vais pas être toute nulle.

Au point que la femme de moncollaborateur lui dise, aussitôt la porte refermée, "ben dis donc, je comprends pourquoi elle a pas d'amis celle là" !!

En même temps, j'y pense : à cette minute précise, la femme de moncollaborateur, elle est peut être autant dans ses petits souliers que moi... Et, elle, je suis sûre qu'elle n'a pas de boots de fantômette pour la protéger...

Ok, c'est bon, les gars, je maîtrise la situation ! Fastoche !

 

 

Publié dans lapetitevadrouille

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
pour les distances avec la hiérarchie... ca dépend des gens en fait...<br /> Il y a ceux qui savent faire la nuance entre moment pros et moment privées, et les autres...<br /> Dans ma boite on se voit régulièrement en dehors, barbecues, anniversaires, mariages, voir barbecue pour un anniversaire de mariage ;) et il n'y a pas de soucis...
Répondre
P
Bon bin, rapport demain première heure. Je vais être angoissé toute la nuit moi, maintenant !
Répondre
T
"La chieuse" a raison il faut rester naturelle, je suis certaine que tu seras parfaite.<br /> Et prépare un lot de questions et exclamations bateau à poser à la femmedetoncollaborateur.<br /> "Huummm exquises vos endives, vous me donnerez la recette?"<br /> ou encore "Formidables vos rideaux ils sont de belles factures!" ou encore "Votre mari m'a dit que vous étiez xxx (stripteaseuse? caissière? médecin?) a l'air tout à fait passionnant!" etc etc.<br /> A demain pour le recit de cette trépidante soirée ;-)
Répondre
J
Qui a dit:"oh la la la grosse erreur?"<br /> <br /> Ben...euh... c'ets moi! On peut se mélanger avec ses égaux et jamais avec ses subordonnés. C'est la règle de base! Maintenant que le mal est fait (rire), il te reste plus qu'à faire en sorte que les distances restent respectées. En dinant chez eux, ca va être dur! Ca t'apprendra à avoir la langue trop bien pendue et à t'épancher auprès de tes collaborateurs. Toujours laisser de la distance. Pour les mauvais jours...<br /> <br /> Pour le reste, c'est à dire la tenue et le maquillage, c'est ok. Pour le menu, je ne peux pas grand chose pour toi. Ou si. Je vais faire bruler un cierge pour qu'il n'y ait pas d'endives!<br /> <br /> Je me moque, masi j'ai fait les mêmes (conneries pas endives!).<br /> <br /> Bonne soirée! :-)
Répondre
L
Passe une excellente soirée, et soit comme tu es le mieux....N.a.t.u.r.e.l.l.e.
Répondre