Je suis la mère des autres
Il fait très beau aujourd'hui sur la plus belle ville du monde. Comme dans beaucoup d'endroits en France j'imagine.
Je suis un peut toute seule parce que personne (enfin ma seule copine dispo) ne veut aller voir le match de rugby dans un pub avec moi. Tant pis, je le regarderai devant ma télé.
Alors je suis allée m'acheter des roses blanches et des roses vert pâle au Nom de la Rose. Pour me faire un petit plaisir. Et je suis allée faire du sport sur mon nouveau vélo elliptique que je me suis acheté. Et je suis allée à mon contrôle d'anglais. Je m'active dans le plaisir.
En me promenant dans les rues, ouïe, ouïe, je me suis demandée, une nouvelle fois, pourquoi moi j'étais sans quelqu'un avec moi alors que les autres étaient avec quelqu'un. Ni mieux ni moins bien que moi.
Mais c'est une question qui pique, qui n'a pas de réponse et qui ennuie tout le monde ("t'es obsédée", on m'a dit hier) alors je ne me la pose plus. Et suis allée acheter du poisson chez Picard.
Hier soir j'ai vu une de mes amies que j'aime beaucoup. Une fille que j'admire.
Que je trouve belle et courageuse. Que je trouve intéressante et incroyable. Je ne la vois pas très souvent, on n'a pas souvent l'occasion d'être intimes, mais je l'aime beaucoup.
Elle essaie de faire un bébé. Avec l'aide d'une éprouvette.
Elle est peut être enceinte. Ou peut être pas. Elle doit attendre encore une semaine pour avoir sa chère réponse.
Elle dit qu'elle serait déçue si ça ne fonctionnait pas, évidemment, mais elle n'en ferait pas un drame. Elle a la force.
Nous étions avec une autre amie qui n'aime pas les enfants. Qui n'en a jamais voulu et qui trouvent les femmes enceintes dégoûtantes.
Etre mère.
Qu'est ce que ça signifie ?
Est ce un besoin vital ? Est ce simplement le souci de se prolonger ? Est ce le désir de transmettre ? Est ce la concrétisation d'un amour ? Est ce si viscéral qu'on le dit ?
Est on réellement si vide si on ne l'est pas d'une manière ou d'une autre ? Est on vraiment une femme ?
Est on digne ?
Est on complète ?
C'est quelque chose qui ne s'imagine pas tant qu'on ne l'est pas, je le sais.
Ce n'est pas non plus quelque chose qui remplisse tous les vides.
C'est peut être un poids très lourd, qui sait. Un poids trop lourd.
Je ne sais rien de ce monde mystérieux.
Je sais juste que, n'étant que fille et pas mère, je me sens à part. Je me sens indigne.
Pourtant, au quotidien, dans mon travail, je me rends compte que je suis très "maternelle", très "maternante". J'écoute, je gronde, j'ordonne, je rassure, je console, je conduis, je conseille, j'entoure, j'enveloppe, je prends dans mes bras, pas réellement mais "symboliquement". Des gens souvent bien plus âgés que moi.
Je les porte à bout de bras.
Je suis forte, je ne flanche pas. Mais parfois ça m'épuise.
Mais je suis une mère qui s'arrête le soir en rentrant.
Ces "enfants" là ne sont pas à moi. Et, surtout, c'est à sens unique. Ils ne me donnent pas d'amour, eux. Ils ne se soucient pas de moi, enfin pas plus que ça, pas plus que l'affection "professionnelle" qu'ils me portent.
Ce sont finalement de vrais rapports filiaux : ce que je fais semble normal.
Comme ce que font la plupart des mères.
Ma mère à moi console, rassure, conseille, enveloppe, entoure, gronde encore parfois et, si je veux être honnête, je trouve tout cela normal. Je ne me soucie pas toujours de ses soucis à elle quand je veux qu'elle écoute mes soucis à moi.
Pour moi, une mère, c'est du 100%, du sûr, du "toujours là", un roc, un rocher auquel s'agripper, un phare, un repère. Peut être mon seul repère.
Ne pas être mère, c'est rester fille. C'est ne pas rendre ce qu'on a reçu. C'est rester petite.
Je suis trop grande pour être petite.
Je veux comprendre ma mère. Je veux être comme elle. Je veux construire une famille. Je veux cajôler et comprendre. Je veux enseigner et m'oublier.
Il y a beaucoup d'injustice à ne pas trouver l'amour qui vous apportera cette chance là.
Je suis un peut toute seule parce que personne (enfin ma seule copine dispo) ne veut aller voir le match de rugby dans un pub avec moi. Tant pis, je le regarderai devant ma télé.
Alors je suis allée m'acheter des roses blanches et des roses vert pâle au Nom de la Rose. Pour me faire un petit plaisir. Et je suis allée faire du sport sur mon nouveau vélo elliptique que je me suis acheté. Et je suis allée à mon contrôle d'anglais. Je m'active dans le plaisir.
En me promenant dans les rues, ouïe, ouïe, je me suis demandée, une nouvelle fois, pourquoi moi j'étais sans quelqu'un avec moi alors que les autres étaient avec quelqu'un. Ni mieux ni moins bien que moi.
Mais c'est une question qui pique, qui n'a pas de réponse et qui ennuie tout le monde ("t'es obsédée", on m'a dit hier) alors je ne me la pose plus. Et suis allée acheter du poisson chez Picard.
Hier soir j'ai vu une de mes amies que j'aime beaucoup. Une fille que j'admire.
Que je trouve belle et courageuse. Que je trouve intéressante et incroyable. Je ne la vois pas très souvent, on n'a pas souvent l'occasion d'être intimes, mais je l'aime beaucoup.
Elle essaie de faire un bébé. Avec l'aide d'une éprouvette.
Elle est peut être enceinte. Ou peut être pas. Elle doit attendre encore une semaine pour avoir sa chère réponse.
Elle dit qu'elle serait déçue si ça ne fonctionnait pas, évidemment, mais elle n'en ferait pas un drame. Elle a la force.
Nous étions avec une autre amie qui n'aime pas les enfants. Qui n'en a jamais voulu et qui trouvent les femmes enceintes dégoûtantes.
Etre mère.
Qu'est ce que ça signifie ?
Est ce un besoin vital ? Est ce simplement le souci de se prolonger ? Est ce le désir de transmettre ? Est ce la concrétisation d'un amour ? Est ce si viscéral qu'on le dit ?
Est on réellement si vide si on ne l'est pas d'une manière ou d'une autre ? Est on vraiment une femme ?
Est on digne ?
Est on complète ?
C'est quelque chose qui ne s'imagine pas tant qu'on ne l'est pas, je le sais.
Ce n'est pas non plus quelque chose qui remplisse tous les vides.
C'est peut être un poids très lourd, qui sait. Un poids trop lourd.
Je ne sais rien de ce monde mystérieux.
Je sais juste que, n'étant que fille et pas mère, je me sens à part. Je me sens indigne.
Pourtant, au quotidien, dans mon travail, je me rends compte que je suis très "maternelle", très "maternante". J'écoute, je gronde, j'ordonne, je rassure, je console, je conduis, je conseille, j'entoure, j'enveloppe, je prends dans mes bras, pas réellement mais "symboliquement". Des gens souvent bien plus âgés que moi.
Je les porte à bout de bras.
Je suis forte, je ne flanche pas. Mais parfois ça m'épuise.
Mais je suis une mère qui s'arrête le soir en rentrant.
Ces "enfants" là ne sont pas à moi. Et, surtout, c'est à sens unique. Ils ne me donnent pas d'amour, eux. Ils ne se soucient pas de moi, enfin pas plus que ça, pas plus que l'affection "professionnelle" qu'ils me portent.
Ce sont finalement de vrais rapports filiaux : ce que je fais semble normal.
Comme ce que font la plupart des mères.
Ma mère à moi console, rassure, conseille, enveloppe, entoure, gronde encore parfois et, si je veux être honnête, je trouve tout cela normal. Je ne me soucie pas toujours de ses soucis à elle quand je veux qu'elle écoute mes soucis à moi.
Pour moi, une mère, c'est du 100%, du sûr, du "toujours là", un roc, un rocher auquel s'agripper, un phare, un repère. Peut être mon seul repère.
Ne pas être mère, c'est rester fille. C'est ne pas rendre ce qu'on a reçu. C'est rester petite.
Je suis trop grande pour être petite.
Je veux comprendre ma mère. Je veux être comme elle. Je veux construire une famille. Je veux cajôler et comprendre. Je veux enseigner et m'oublier.
Il y a beaucoup d'injustice à ne pas trouver l'amour qui vous apportera cette chance là.